« Quand nous sommes nous rencontrées ? Parfois, il me semble que c’était hier. Elle continue de me surprendre comme si je ne la connaissais pas depuis maintenant quinze belles années.

Nous étions voisines. A l’âge de huit ans, beaucoup d’adultes trouvaient qu’elle était la petite fille la plus intelligente qu’il leur ait jamais été donné de rencontrer. Mais elle avait aussi ces moments où elle refusait toute autorité.

A l’âge de dix ans, c’était pour elle une habitude de s’accaparer le cheval de son père, qui était à l’époque un PRE d’un joli gris pommelé. Elle faisait ça seule, sans son autorisation et bientôt monter sans selle et sans mors devint une habitude pour elle. Les gens la regardaient comme si elle était une folle effrontée. Peut être que c’est ce qu’elle était, mais ses idées étaient très modernes pour l’époque.
Deux ans plus tard, elle avait quitté le monde des chevaux à la demande de sa mère, qui avait cessé d’utiliser de jolies formules de politesse si vous voyez ce que je veux dire…

A l’âge de quatorze ans, elle était déjà énormément courtisée par les garçons. Ils se seraient battus pour elle, et elle adorait ça. 

Cependant, elle ne s’est jamais laissée tomber dans les bras de l’un deux, contrairement à ce que ses parents auraient pu espérer. Ce n’était pas faute de les apprécier, mais elle refusait l’idée de ne plus pouvoir être libre, suite à l’acceptation d’un éventuel compagnon dans sa vie. Sa liberté, c’était ce qu’elle avait de plus cher. D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’elle aimait tant passer du temps avec les chevaux, elle trouvait qu’il lui apportait un sentiment de liberté avec lequel rien ni personne n’aurait pu rivaliser. Elle me faisait toujours rire quand elle m’invitait à la rejoindre dans l’une de ses cavalcades endiablées. Pourtant, je n’ai jamais accepté, par crainte, ou simplement parce que je préférais la laisser profiter de ces instants qui n’appartenaient qu’à elle.

A l’âge de seize ans, elle a eu son premier baiser. C’était un défi entre nous, la première qui réussirait à embrasser un garçon. Bien sûr elle n’a pas choisi le plus vilain en ville, bien au contraire, et il semblerait qu’elle ait aimé ça car par la suite, elle a enchaîné les conquêtes, se créant une réputation de fille facile qu’elle ne prenait même pas la peine de nier, se fichant complètement de ce que les gens pouvaient dire à son sujet.

Oui mais voilà, ce que je n’imaginais pas, c’était que je finirais par être l’une de ses conquêtes. A mesure que les années passaient, son joli minois enfantin laissait place à une jeune femme ravissante. Sa beauté était certainement son arme la plus fatale, et je ne me pensais même pas être possiblement attirée par la gente féminine mais, alors que nous étions prises d’une crise de rire, nos lèvres s’étaient rapprochées, jusqu’à s’effleurer dans un instant d’une douceur incomparable. Je n’imaginais pas ressentir ça, mais la légèreté que je sentis me donna l’impression de tout pouvoir accomplir pour elle, et pendant quelques années, nous avons entretenu une relation secrète, complice, et passionnée.

Et finalement, le jour de ses vingt trois ans, elle fut promise à un riche jeune homme qui venait d’arriver en ville. Elle avait refusé, évidemment, mais ses parents ne lui laissèrent pas le choix, quitter la ville, ou bien l’épouser. Elle me proposa de la suivre, mais j’avais encore deux petits frères dont je devais m’occuper, notre mère étant malheureusement décédée quelques mois auparavant. Pourtant, elle ne partie pas seule, et c’est avec Midnight Rises qu’elle quitta notre petite ville, prenant la direction d’un Londres en développement florissant. » - Alyssa M. Ravendale